| LA LECON INDISCRETE |
| 1. |
Prennés garde a vous, Lucelle,
Quand il faut aller au bois. Lise alloit cueillir des noix Seule elle avoit peur, dit-elle Et pour la premiere fois, Elle en eut pour plus d'un mois. | 2. |
Lise prit pour compagnie
Gros Guilhot fin vilageois; Il n'en fit pas a deux fois, Elle avoit l'ame attendrie; Dans son coeur vit le matois Tout ainsi que je vous vois. |
| 3. |
Ne prirent-ils pas la route
Qui conduit tout droit au bois ? Lise en avoit cette fois Son tablier tout plein sans doute; Car pour abbattre des noix, Rien n'est tel qu'un vilageois. | 4. |
Lise prit pour compagnie
L'amour dans ce lieu sauvage Sçait jouir de tous ses droits. Gros Guilhot ve fin matois, L'empauma par son langage; Ils n'etoient qu'eux dans le bois. |
| 5. |
Expliqués moi ce mistere;
Car vous vous trompés, je crois. Comptés vous aussi le bois ? Parlés clairèment, ma mere, J'ay beau compter par mes doigts, Deux fois un ne font pas trois. | 6. |
Taisés vous, petite sote,
Servés vous mieux de vos doigts. Si l'on ne va seule au bois, On y compte sans son hôte, Je n'y fus rien qu'une fois, Une fois, ah quelle fois ! |